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dimanche 4 mai 2008

Des revendications


Est-ce la crise de la quarantaine de mai 68, les beaux jours qui arrivent enfin, ou bien la furieuse impression de ne pas être respectée sur mon lieu de travail (en tant qu'être humain de chair et de sang, pourvu d'une âme et donc de sentiments, lui conférant par la même une certaine capacité à s'émouvoir et à souffrir quand son patron ou son collègue ne s'adresse pas à lui avec plus de considération qu'à un poisson rouge -encore qu'un poisson rouge peut être affublé d'un sobriquet ridicule tel que Bubulle, Cap'tain Igloo ou Moby Dick, le présentant ainsi comme un être digne d'affection, mais c'est là un tout autre débat) ?
Toujours est-il que je me suis révoltée, moi, la sage enfant qui dit bonjour à la dame et apprend gentiment à ne pas dire "allo" alors que mon travail consiste à répondre au téléphone (de l'absurdité des entreprises du domaine tertiaire estampillées "NF"... Non à la déshumanisation camarades ! Mais non je ne ferai pas une autre digression).

Oui la coupe était pleine !

J'étais tout d'abord installée à un bureau qui ressemblait à s'y méprendre à un établi de menuisier ou la buvette du bal des pompiers du 14 juillet, bref, un objet s'approchant plus de la planche sur deux tréteaux que du bureau ergonomique et high-tech de mes voisines.
Ensuite je devais subir toute la journée le son d'une chaîne d'information et son chroniqueur politique surexcité et baveur.
Mais la goute d'eau, ce qui me fit sortir de mes gonds, l'infamie pour laquelle je ne pouvais rester silencieuse, au nom de toutes les standardistes brimées et bafouées, était l'objet dont je me servais le plus (avant même le téléphone) : l'ordinateur.
Un écran plat et un clavier neuf auraient pu faire illusion. Et pourtant, ce qui faisait cruellement défaut ici était une connexion internet.

Car il faut rétablir la vérité, le travail de standardiste n'est pas de ceux où l'on ne voit pas la journée passer. Il faut savoir qu'on est débordé une dizaine de minutes par jour, quand le hasard a voulu que quinze personnes sur la planète se soient données le mot pour téléphoner au même moment...

Et entretemps, on attend.

Alors après avoir lu tous les magazines people que les autres standardistes ont laissé derrière elles (qui datent de l'année dernière, pas de quoi la ramener en société), après avoir tenté de commencer deux romans et après être devenue une championne du Solitaire, Démineur et autre Dame de Pique, on s'ennuie. Beaucoup.

Trop c'était trop !

J'ai demandé ma mutation.
Et je l'ai obtenue !

De l'art l'art de porter la fainéantise à un haut niveau d'exigence, ou de glander dans les meilleures conditions possibles.

Sparks - Your Call's Very Important To Us, Please Hold


Pink Floyd - Biding My Time


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Yo !

Jen a dit…

Davnat, merci pour ton intervention !

Anonyme a dit…

Effectivement.. glander sans internet c'est inhumain ;)


RYS

Jen a dit…

Voilà, "inhumain", c'est le terme que je cherchais !

Maridelf a dit…

Jen la Rebelle ! Excellent ! Ca fait du bien non de revendiquer son dû.
T'aurais pu demander, dans ta lancée, qu'on t'appelle Wonder Woman(c'est mieux que Cap'tain Igloo quand même).
Peut-être pour la prochaine revendication ?

Les standardistes disent toutes "Mais heeuuuuu...."