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mardi 4 juillet 2006

De l'amour interdit

Comment écrire sur un film qu'on a tellement aimé qu'on se sent tout petit, que tout ce qu'on pourrait dire serait superflu et bien en deçà de ce que l'on ressent ?

C'est dans cet état d'esprit que j'ai pourtant l'intention de vous (re)parler de Brokeback Mountain dont le titre français franchement balourd est Le Secret de Brokeback Mountain.
Ce film d'Ang Lee est une grande histoire d'amour de cinéma : pas à l'eau de rose, pas démonstrative, et contrariée. Je défenestre tout de suite la question du "film de cow-boys gay" parce que réduire le film à ça ne serait que l'arbre qui cache la forêt. Oui, deux cow-boys virils vont s'aimer (à leur plus grande surprise) dans le fin fond du Wyoming... et alors ?!
Et alors, nous sommes dans les années 60, dans des milieux ou l'on parle peu, et où l'homosexualité n'est absolument pas permise, même aux yeux de nos deux personnages, qui chacun de leur coté fondera une famille... autant pour persuader les autres qu'eux-mêmes qu'il seront dorénavant dans le "droit chemin". Mais voilà, l'idylle vécue un été à Brokeback Mountain, isolés du reste du monde les aura changé à tout jamais. Nous les suivrons tout au long de leur vie, au rythme de leurs rencontres trop rares et trop courtes.

Ennis (Heath Ledger) et Jack (Jake Gyllenhaal) appréhendent d'ailleurs leur vie de manière totalement différente. Ennis, pragamatique, revêche et mutique tente de se contenter de ces brèves rencontres... en apparence. Son amour est si violent et si dissimulé qu'il s'empêtre encore plus dans la dénégation. Jack, quant à lui, naturellement plus enthousiaste et extraverti parle, tente d'élaborer des projets (utopiques) dans lesquels il se voit vivre dans un ranch aux cotés d'Ennis. Projets qu'Ennis lui renvoie en pleine figure, ironique et sarcastique, presque désespéré.
Plus le film avance, plus Jack et Ennis se détachent de leur "facade socialement acceptable, plus leur liaison devient impossible à vivre, ou à ne pas vivre totalement.
Comme toute grande histoire d'amour Brokeback Mountain finit forcément mal...
Le contexte historique et sociologique de ce film (l'Amérique un peu red neck des années 60 aux années 80), n'est qu'un décorum qui met en valeur les deux personnages en prise avec leur douleur, leurs paradoxes et leur incapacité à changer de vie...

Heath Ledger et Jake Gyllenhaal sont magistraux, rien de moins. La sobriété et la profondeur de leur jeu est à couper le souffle. Ils sont outenus par des seconds rôles criants de vérité : Michelle Williams et Anne Hathaway. Difficile dans ces conditions de ne pas s'immerger totalement dans l'histoire.

La mise en scène d'Ang Lee qualifiée parfois d'académique, ne fait qu'ajouter de l'ampleur à cette histoire : la montagne de Brokeback, majestueuse, pure, mais rude et cahotique. Seule une photographie et un cadre épurés, sans fioritures pouvait convenir à cette historie qui se suffit presque à elle-même.

Mon coté fleur bleue a peut-être pris le dessus, mais à bien y réflechir, ce film est loin de n'être que romantique et tragique : c'est une oeuvre indispensable et universelle. Un film qui va droit au coeur au premier abord et, quand il monte au cerveau révèle alors toute sa subtilité.


The Wings - Gustavo Santaolalla

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh ben, ça c'est de la critique dithyrambique (j'ai regardé dans le dico...il est super compliqué comme mot) ! Moi j'ai préféré le jeu de Jake Gyllenhaal à Heath Ledger dont je trouve qu'il joue un peu lourdingue ; too much quoi. Mais j'ai beaucoup aimé l'ambiance du film, dur et beau à la fois. Un peu long peut être, surtout vers la fin.
Si tu aimes Jake G. (il est compliqué son nom), regarde Jarehead, que j'avais beaucoup aimé à sa sortie.

Jen a dit…

Les deux acteurs sont vraiment bons, mais j'ai une petite préférence pour Heath Ledger ! ;-)